| Avec des si, elle scierait |

Où en suis-je?

Cet après-midi, une dame à l'allure dépenaillée, sans âge m'a apostrophée. 'Fin non, plutôt elle m'est tombée dessus. Bah oui y'avait que le vide et moi, avec mon petit air de jeune fille naïve et pleine de bonnes intentions, elle allait pas me louper. Donc elle m'est tombée dessus. Elle m'a demandée si je parlais français en s'approchant un peu plus, j'avais son haleine affreuse en pleine face, ses cheveux gras, noirs, ternes, qui tombaient  de partout, des dents sales, de travers, jaunes, des restes de bouffe coincé entre elles, la peau qui avait l'air poisseuse, des poils sur le visage, j'ai pas eu le temps de réaliser en fait, mais c'était étrange,  puis des habits négligés et dans son regard, une expression étrange, à moitié paniquée, à moitié désespérée, pis elle approchait son visage, comme si elle crevait de peur que je m'en aille et l'abandonne, cherchait mon regard, s'accrochait à lui. Me demande des sous pour le bus, je me recule un peu, soulagée de trouver un moyen pour m'éloigner de sa puanteur, sort quelques pièces et là quitte là, alors qu'elle me marmonne quelques remerciements d'usage. C'était vraiment étrange.
Ce n'était pas la première fois qu'on me demandait des sous ni qu'on m'accoste en pleine rue, mais elle dégageait un truc étrange. A moitié victime de sa vie, à moitié résignée à n'avoir toujours que les miettes, passée en dernière, tout ça.

Puis ce soir j'ai été courir, une fois n'est pas coutume et putain. Ca fait du bien. Le soleil qui se couche doucement, la ville encore éclairée, pleine de verdure tout partout, c'était beau.
Et puis ça fait du bien, de se dépenser, repousser les limites, l'esprit absorbé, oublier un peu la pression de ce foutu projet, les tracas quotidiens, le reste. A la fin, se sentir vidée, mais si bien. Puis la fraîcheur de l'eau sous la douche, les gouttes qui viennent rafraîchir chaque parcelle de peau, se sentir vivre.

Et puis aujourd'hui, j'avais ma grande jupe noire "à étages" et j'ai eu droit à pleins de compliments et leurs sourires et moi toute rouge mais heureuse et c'est l'été et c'est bientôt la fin et ça discute et ça travaille, ça paresse, ça taquine, ça profite, ça se grave en nous, ça se savoure jusqu'au dernier jour.

Bref. Je vis. Ni plus ni moins.

J'écris trop en bloc, peut-être. Ca doit pas être agréable à lire. Pas assez épuré.